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2 avril 2021

Le chant royal

Le chant royal, datant du XIVe siècle, fait partie de la poésie médiévale.  On le trouve fréquemment jusqu’au XVIè siècle puis il perd peu à peu de son actualité, tout comme d’autres genres classiques comme le lai, le rondeau et la ballade dont elle est assez proche, remplacé à l’époque de La Pléiade en particulier par l’ode et le sonnet.

         
Théodore de Banville            Charles d'Orléans

On le rencontre néanmoins jusqu’à la Révolution, surtout dans les concours assez prisés à l’époque. On le retrouve au XIXe siècle, surtout après la parution du Petit traité de poésie française du poète Théodore de Banville.

Son nom provient de ses origines où il chantait les louanges de membres de la famille royale, de héros légendaires ou de la Vierge Marie, ce qui explique le vers toujours féminin du refrain. Ces références se sont peu à peu effacées au profit de thèmes de société comme l’un des plus célèbres du à Eustache Deschamps qui, dans sa Chanson Royale, met en scène des animaux se plaignant d’être trop tondus par un barbier, symbole des percepteurs royaux. Les animaux geignent et se plaignent en répétant ce refrain : « Pour ce vous pri, gardez-vous des barbiers. » (qui est d’ailleurs une rime masculin, comme quoi !)

Parmi les principaux poètes qui ont brillé dans ce genre poétique, on peut citer Théodore de Banville, Eustache Deschamps, Guillaume de Machaut, Charles d’Orléans et Christine de Pisan.

                 
Christine de Pisan    Guillaume de Machaut        Eustache Deschamps

Le chant royal est un poème à forme fixe reposant sur les critères suivants :
- Le vers utilisé est le décasyllabe (avec souvent une césure entre les quatrième et cinquième syllabes) ;
- Il commence par des strophes de onze vers (cinq strophes dans la version complète), suivant le schéma de rimes : A-B-A-B-C-C-D-D-E-D-E (selon Théodore de Banville) ;
- Le onzième vers fait office de refrain, repris à la fin de chaque strophes ;
- Le refrain doit avoir une rime féminine (en l'honneur de la Vierge Marie) ;
- Il se termine par une ultime strophe (ou couplet), un quintil le plus souvent suivant le schéma de rimes D-D-E-D-E mais peut également être un septain suivant le format C-C-D-D-E-D-E ;
- Dans la version ancienne, le dernier couplet ou Envoi, commence par une interpellation à la personne à qui est dédié le poème et le refrain des strophes est repris dans le dernier vers de l'envoi. L'alternance des rimes féminines et masculines est en général respectée dans chaque strophe mais pas aux changements de strophes.

Voilà un exemple de mon cru qui respecte l’essentiel de ces règles et contenant une strophe complète avec dix vers plus le vers-refrain et le quintil final :

ICI BAS

Tout, dit-on, est relatif ici bas
Et nous sommes vraiment si peu de chose,

prisonniers de nos petits tracas
Rien, vraiment rien pour plaider notre cause.
On croit, bien sûr on croit en la science
Et aux belles vertus de la conscience

Mais c’est de tout temps de chacun le lot
De tanguer entre le vrai et le faux.
C’est bien peu de chose de le dire
Mais lorsque tout ainsi part à vau-l’eau,
On ne peut souvent qu’éviter le pire.

Pour être plus positif, ce qu’il faut
avant tout, sans vraiment en faire trop,
C’est suivre la route qui nous attire
Même si au-delà de tous nos maux,
On ne peut souvent qu’éviter le pire.

Ou cet autre exemple sur un thème différent :

Les mariés de la Tour Eiffel

Je serai toujours avec vous ma mie,
Au-delà de ce qu’il peut advenir,
Car vous représentez toute ma vie,
L’image idéale de l’avenir.
Il n’est de bonheur que votre présence,

J’en goûte toute la douce substance,
Ce qui en fait le sel, l’essentiel

comme les mariés de la Tour Eiffel.
Tout cela vaut bien un petit sourire
Et, malgré le doux attrait du miel,
On ne peut souvent qu’éviter le pire.

Ô ma mie, mon amour pour vous est tel
Que j’attends peu de choses du ciel,
Qu’il m'arrache encore quelques soupirs.
Même si ce n’est que pêché véniel,
On ne peut souvent qu’éviter le pire.

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<< Christian Broussas • Chant royal © CJB  ° 02/04/2021  >>
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