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6 mars 2022

Diplodocus

      
Cranes de diplodocus attribué à D. Longus et à Galeamopus en 2015

Voici quelques informations sur la prosodie adoptée dans ce poème.
Sa structure est basée sur le huitain pour la strophe, l’ennéasyllabe (vers de 9 pieds) pour la longueur des vers et l'utilisation de rimes simples.
Pour éviter une structure trop répétitive, trop formatée, le poème est basé sur 7 huitains et un final qui est un sizain en alexandrins donnant plus d’amplitude à la dernière strophe.
Les deux derniers vers de chaque huitain vont crescendo avec une longueur allant de 3 à 9 pieds, rejoignant ainsi à la fin la métrique du vers à 9 pieds.

« J’ai vu / dans la rue / un diplodocus / qui grattait ses puces. » Corinne Albaut

                        - [1] -
Diplodocus, j’aime assez le mot,
Je le vois pataud, pas vraiment beau,
Et tellement loin d’être parfait…
Mais tel qu’il est ainsi, il me plaît.
Quoi, pensez-vous, j’ai de curieux goûts,

Ma foi, je préfère les gros mous,
Eh bien oui
C’est ainsi !
                            - [2] -
Je te salue mon lointain cousin
Au regard vide antédiluvien,
Qui ne compte plus tes beaux printemps,
Toi qui émerges du fond des temps

Avec ton crâne plat allongé,
Ton long museau aux dents acérées,
Si impavide
Et si placide.
                             - [3] -
J’aurais tant aimé qu’il soit entier

Mon vieil ancêtre, ce gros bébé
Avec sa toute petite tête,
Son immense cou de grosse bête,
Je l'imagine dans la campagne,
Y menant une vie de cocagne,
Broutant l'herbe verte
Les sens en alerte.
                       - [4] -
Ô toi, vieillard sans une ride

Qui me fixes de tes grands yeux vides
Comme une apparition irréelle,
Que cache ton crâne sans cervelle ?
Toi qui étais alors un colosse,
Toi qui maintenant n’es que des os :

Aujourd’hui comme hier
Tout n’est que poussière.
                              - [5] -
Dans ce dialogue muet, ma voix
n’est qu’un aparté qui me renvoie
À cet être si mystérieux
Qui m’apparaît vraiment si sérieux,
Miroir déformant de trop de mues,
Pour mieux comprendre celui qu’il fut,
Me renvoyant à son tour
À mon humaine nature.
              - [6] -
Toi qui me fais l’effet d'un mirage
Dans notre monde aux mœurs si sauvages,
Qu’as-tu à nous apprendre de plus
Sur l’évolution de nos us,
Qu’as-tu encore à nous apporter
Pour tenter enfin de s’accepter,
Nous rendre quelque peu meilleurs,
Nous donner le goût du bonheur ?

              - [7] -
Toi le robuste et doux herbivore
Fuyant l’appétit des carnivores,
Venu des plaines du jurassique
Et qui connut une fin tragique,
Avec tes formes si généreuses,
Pas vraiment un profil de danseuse
Dans ton existence vagabonde,
tu n’étais pas fait pour notre monde.
              - [8] -
Et un jour peut-être, pourquoi pas, nos deux crânes

Dissociés pour toujours de nos célestes mânes,
Seront-ils disposés l’un à côté de l’autre,
Vides de tous les désirs qui furent les nôtres
Désormais pétrifiés comme une pierre gemme :
Au fond, on ne pleure jamais que sur soi-même.

   

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<<< Ch. Broussas Diplodocus .. © CJB  ° 06 /03/2022   >>>
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