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Site Univers littéraire
16 octobre 2020

Cocasseries de la langue française

Pour apprivoiser les mots il faut les soupeser, apprendre leur histoire, et puis jouer avec eux, sourire avec eux.
Derrière des mots à priori sérieux, on découvre parfois de petits farceurs.

                                                         

En France, pour l'orthographe, il faut s'accrocher. Jugez un peu :
* Persifler ne prend qu'un "f" et siffler en prend deux.
* Hutte a deux "t", mais cahute, un seul, ainsi que gargote, paillote et belote.

* On écrit traditionnel mais traditionaliste, millionième mais millionnaire, Patronat et patronner, déshonneur et déshonorer. Souffler nous joue le même tour avec boursoufler (mais souffler n'est pas jouer ...), aromate et arôme, drôle et drolatique, grâce et gracier, détoner et détonner.

* Fantomatique n'a pas d'accent circonflexe, alors que fantôme en a un.

* Les maris peuvent être marris. Les maris des Lapones et des Lettones ont raison d'être marris puisque leurs charmantes épouses ne sont gratifiées que d'un "n", contrairement aux Bretonnes, Gasconnes, Teutonnes et Berrichonnes.

                           

Les mots épicènes

Pour les humains la vie est relativement simple quand nous nous présentons : "Bonjour madame ou Bonjour monsieur", mais imaginez ce qui se passe chez les animaux qui portent le même nom quel que soit leur genre (épicène) :
"Bonjour ! Je suis une souris.
- Génial ! Je suis "un" souris ! On danse ? " 

Alors que le chien a sa chienne, le chat sa chatte, le canard sa cane, la grenouille, l'autruche, le cafard et des centaines d'espèces animales n'ont qu'un genre. Ce qui est vache (sic), c'est que certains animaux tels la mouette, la pie, la mite, la truite ou la panthère se retrouvent sans maris alors que d'autres ont le problème inverse, comme le blaireau, l'asticot, le lézard, l'éléphant, le bar, le crabe, le putois ou le serpent. Bref, tout cela me paraît très injuste et difficile à vivre et je ne parle pas de la crevette pour qui ... c'est le bouquet !

Le seul qui s'en tire bien, c'est encore l'escargot qui, pas fou, a choisi la neutralité en étant hermaphrodite.

Les "mnémots-techniques"

Je me souviens que je n'aperçois qu'un "p" à apercevoir.
Je me souviens que je n'attrape qu'un "p" à attraper.
Je me souviens qu'on ne peut mourir qu'une fois, mais qu'on peut se nourrir plusieurs fois.
Je me souviens que le chapeau de la cime est tombé dans l'abîme.
Je me souviens que le chapeau du boiteux est rangé dans sa boîte. On met un chapeau sur la tête, un couvercle sur la boîte, un toit sur le château, sur l'hôtel, sur l'hôpital, mais celui du chalet a été emporté par l'avalanche.

                              

Curieuses associations

Il y a des cocasseries qui me titillent parce qu’elles compliquent l’usage de la langue mais il y en a d’autres qui m’enchantent, surtout celles où l’on trouve associés des mots qui n’ont rien en commun.

* Que font le vélo dans la tête, lestomac dans les talons, le poil dans la main, les pieds dans le plat, les fourmis dans les jambes, le soupçon dans le lait ?
* Et la vessie avec la lanterne, le fusil avec le chien, le bois avec le chèque, la grimace dans la soupe, le chat dans la gorge, la confiture chez les cochons et le rubis sur l’ongle ?
* Vous ai-je mis la puce à l’oreille ?
    
             

Vous pleurez quand vous épluchez les oignons ?

Non, parce que vous les pelez.
Peler et éplucher sont certes synonymes mais avec une légère nuance : quand on épluche, on nettoie en enlevant les parties mauvaises, quand on pèle on enlève les parties inutiles.

On pèle une banane mais on épluche une pomme de terre. Alors ? Pèlerait-on les fruits et éplucherait-on les légumes ? Ce n’est pas si simple.
Je pèle les pommes, les poires et les scoubidous mais j’épluche les marrons qui sont des fruits.
J’épluche la salade, mais si !
De toutes façons, si c’est trop compliqué pour vous, mangez des fraises et n’épluchez pas trop ce texte.

                                                   

Les mots masculins en « E »

J’ai du mal à mettre un  à la fin du mot pygmée, surtout quand je parle de l’homme. Ce "e" lui donne un petit côté efféminé qui ne lui sied guère.

Pourtant, j’ai repéré une trentaine de cas similaires qui ne me posent pas de problèmes particuliers : lycée, apogée, périnée, musée, macchabée, trophée, colisée.

Quant à gynécée dont le "e" est plus que justifié dans le cas d’un appartement réservé aux femmes, on peut s’étonner de cette nouvelle incohérence : on dit un gynécée.
Je propose donc pour faire bonne mesure d’écrire dorénavant : "une" eunuque.

                       

Prononciation et écrit

Certaines lettres doivent avoir l’impression de ne servir à rien : prenez le "p", il doit se demander ce qu’il fait dans baptême, dans drap, le "g" au milieu d’amygdale et de sangsue, le "d" à la fin de bond, de nid et nœud, le "c" d’escroc, de blanc ou de tabac ; des mal lotis.

Le "z" est particulièrement découragé : « Que diriez-vous si comme moi vous étiez ignoré dans les conjugaisons ? Vous ronchonneriez, vous protesteriez même ! »
Réponse du "x" : « C’est bien fait, il n’avait pas à prendre ma place dans deuxième ! »

                                               

Pour rentrer chez soi

Vous habitez encore chez vos parents ? Mais où ? En ville ? Une métropole ? Une ville nouvelle ? Dans une agglomération ? En banlieue ? Dans une cité ? Un hameau ? Un bourg ? Un village ? Une bourgade ? Une commune ? Un lieu-dit ?
Bref, en France pas besoin d'avoir 2,5 gr d'alcool dans le sang pour ne plus savoir où l'on habite.

Et comme disait Pierre Dac : « Pour rentrer chez vous, une seule adresse : la vôtre ! »

                       

Les mots remis à leur place

Un jour triste, avec parapluie et sans soleil, n'est pas un triste jour surtout si on vient de gagner au loto.

Un pauvre homme, ô combien malheureux parce que sa femme, quoique sage-femme n'est pas forcément si sage, n'en est pas pour autant un homme pauvre (surtout s'il vient de gagner au loto, lui aussi). Mais il y a des chances pour qu'un homme brave (croix de guerre 39-45) soit aussi un brave homme. Il aime les belles filles à l'image de sa belle-fille qui lui a donné de jolis petits-enfants qui adorent jouer au jardin avec des enfants petits. Son seul problème, c'est son gendre agriculteur toujours de bonne humeur mais ce gai laboureur, d'après certaines rumeurs glanées au Café du Commerce, serait aussi un laboureur gay !

              

Mots destinés à devenir obsolètes

On peut imaginer que dans quelques années un amateur d'opéra, après avoir écouté Carmen, ira sans doute regarder dans le dictionnaire ce qu'est une cigarière. Dieu ne fumera plus de havanes, comme chantait Serge Gainsbourg, et Georges Brassens aura troqué sa pipe contre des patchs.

Disparus les débits de tabac, cendrier, porte-cigarette, nicotine, chique, pipe, briquet, fumoir, buraliste, allume-cigare, coupe-cigare, tabagie, fumée, bouffarde, clope, mégot etc ....

Il nous restera la carotte des champs et non plus des villes, le caporal, et peut-être encore, mais allez savoir avec ces empêcheurs de fumer en rond, la blague .... à tabac.
Paix à leurs cendres !

                                         

Des mots difficiles à localiser

Si nous ne sommes pas les champions du monde de la géographie, c'est peut-être parce que l'on devrait d'abord balayer devant notre porte.

Comment imaginer que les Guingettois soient les habitants de Bourg-Madame, les Caladois les citoyens de Villefranche-sur-Saône, que Charleville-Mézières compte plus de 55.000 petits Carolomacériens et que les résidants de Château-Arnoux sont des Jarlandins ?

Les Barisiens ne sont pas les habitants enrhumés de la capitale mais ceux de Bar-le-Duc, les Lurons sont les heureux habitants de Lure, joyeux au même titre sans doute que ceux de Joué-l'Abbé; j'aurais aimé vivre à Sainte-Adresse pour être Dionysienne, au Château-d'Oléron pour être Châtelaine, mais surtout pas à Poil, pour ne pas être "poilue" !

Des mots exquis      

Inouï ! Qui ? Le tréma. Rendez-vous compte, voilà un diacritique (si ! si ! c’est son nom) qui n’en fait qu’à sa tête en jouant sur les nerfs de ceux qui se risquent à décliner des mots comme exiguïté, contiguïté, et ambiguïté.

En fait, c’est très simple, on écrit ambigu, exigu, continu, et ambiguë, exiguë et contiguë …
Je tenais simplement à mettre les trémas sur les "e".

            

Il y a des piles qui s’usent parce que l’on s’en sert. Il en est de même pour quelques mots, si usés qu’ils rétrécissent. Nos ados ont trop ouvert le frigo pendant les pubs de la télé au lieu de travailler sur leurs ordis au retour des virées à moto en sortant des restos, des discos, voire des cinés porno au grand dam de leurs profs qui préfèreraient les voir ouvrir leurs dicos.

                                                 

Sens contradictions

* amateur qui peut signifier « connaisseur » tout comme « débutant »
* apprendre qui peut signifier à la fois « acquérir des connaissances » ou « donner des connaissances à quelqu’un »
* hôte qui désigne à la fois « celui qui invite » et « celui qui est invité »
* louer qui peut signifier « donner à loyer » ou « prendre à loyer »
* unisexe qui veut à la fois dire « où les sexes sont séparés » et « où les sexes ne sont pas séparés »
* D’autres mots sont concernés par ces contradictions tels les mots qui ont un sens obtenu par ironie : champion en est un exemple.

                                            

Curiosités linguistiques

L'anagramme de "chien" fait "niche"
Et "Chine" aussi. Et c'est bien connu, les Chinois mangent des chiens. CQFD.

Le plus long palindrome (mot que l’on peut lire dans les deux sens) de la langue française est "ressasser ". 
Le mot "triomphe" ne rime avec aucun nom commun de la langue française.
Pareil pour le mot "belge". Une certaine forme de vengeance, sans doute. Il en va de même pour "quatorze", "quinze", "pauvre", "meurtre", "monstre", "goinfre", "simple", ou "larve".

"Squelette" est le seul mot masculin qui se finit en "ette"
"Institutionnalisation" est le plus long lipogramme en "e" (c'est-à-dire qu'il ne comporte aucun  e).

L’anagramme de "guérison" est "soigneur " . 
Le caractère "ù" n’apparaît que dans le seul mot "". Il possède pourtant une touche de clavier à lui tout seul.
"Endolori" est l'anagramme de son antonyme "indolore"
Ce qui est paradoxal.

"Délice", "amour" et "orgue" ont la particularité d'être de genre masculin et deviennent féminin à la forme plurielle.
Toutefois, peu sont ceux qui acceptent l'amour au pluriel. C'est ainsi.

"Oiseaux" est, avec 7 lettres, le plus long mot dont on ne prononce aucune des lettres : [o], [i], [s], [e], [a], [u], [x]
"Oiseau" est aussi le plus petit mot de langue française contenant toutes les voyelles.

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<< Christian Broussas • Cocasseries © CJB  ° 04/10/ 2020  >>
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