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Site Univers littéraire
24 décembre 2018

Il ne faudrait jamais…

          

Il ne faudrait jamais regarder en arrière. D’abord parce que ça donne le torticolis et surtout parce que ça ne sert à rien. Ou plutôt si, bien sûr, à vous empoisonner la vie, brouiller les cartes, traîner ce boulet qui vous empêche de se sentir libre.

On ne se refait pas. Moi par exemple, je m’efforçais de me farcir la tête avec des tas de soucis, du boulot, agir, se sentir obligé. Mais le passé revenait en flots discontinus dans mes nuits agitées, pas moyens de s’en débarrasser. Ça vous ne la fait pas à vous aussi, des trucs qui  vous colle à la peau comme de la boue et hante vos nuits dans des histoires sans queue ni tête qui vous laissent en sueur et le cœur battant la chamade.
Un truc à vous bouffer la journée qui s’annonce. Et Après, on vous fit que l’homme est un animal pensant, un être rationnel qui organise son environnement. Si, si, j’ai déjà lu des conneries dans ce genre.
Je vais vous dire : à chacun ses fantômes.

La première, je l’ai connue Elle s’appelait Nicole, un prénom passe-partout, surtout à l’époque, des Nicole, des Monique, y’en avait plein les écoles. Et puis la mode avait passé, comme toujours. Elle était un peu comme son prénom, genre passe-partout, rien de remarquable, pas comme ces saletés de produits remarquables paraît-il, que le prof de maths s’échinait à nous entrer par effraction dans nos tronches de potaches.    

Je n’ai jamais su pourquoi je lui avais tapé ans l’œil. Finalement, peu importe, y’a des tas de choses que je ne m’explique pas, que je ne comprendrai jamais ; pas de quoi se prendre  la tête. Des trucs sans intérêt juste bons pour le prof de philo. Faudra que je vous en parle un peu de celui-là, on pourra se marrer un peu. Mais quand même,  ça ne faisait bizarre d’être la star d’une nana. Pourtant  je n’ai rien d’un James Dean, une des stars de l’époque.

fantasmait – il n’est pas sûr que je gagne à être connu.
pas du genre intello mais focalisait sur  je devais lui rappeler son père… ou le facteur

Ce qui m’avait très vite frappé : son manque d’humour. Pas moyen de lui faire saisir les jeux de mots, d’autant plus dommage que le Français s’y prête très bien. Un jour, c’était tout au début de notre relation, plongée dans l’horoscope d’un journal à la con, elle commence à me lire ce que prévoyais mon signe pour les jours à venir. Bon, je m'y prête avec fatalisme tout en la regardant d’un air goguenard. Pas vraiment fine mouche, elle s’en aperçoit quand même.

- Je vois que u ne crois pas du tout aux prédictions et pourtant
- Statistiquement, c’est indéniable  qu’une occurrence quelconque doit bien se présenter de temps en temps. Problème uniquement statistique.
- Ce n’est pas une question de chiffre. On n’y croit ou pas et toi, tu n’y crois pas du tout, n’est-ce pas, ça ne t’intéresse absolument pas.
- Si, si, détrompe-toi, je trouve ça très intéressant.

Normalement, elle aurait dû se méfier, s’attendre à une répartie décalée, à une remarque hors contexte. Mais non.

- Ah, je croyais que pour toi c’était… de la foutaise.
- Loin de moi une telle idée mon amour adoré. C’est au contraire très intéressant, une telle batterie de conneries en si peu de temps, c’est un recors que seul l’horoscope peut atteindre.

Haussement d’épaules et moue de dégoût.
- Avec toi, on ne peut jamais discuter. Tu n’es jamais sérieux. D’abord ce n’est qu’un divertissement que je ne prends pas forcément au pied de la lettre.

Il fallait toujours qu’elle ait le dernier mot et qu’elle retombe sur ses pieds. Voilà le genre de dialogue édifiant auquel on s’adonnait. J’adorais la titiller, la mettre en porte à faux, elle aimait bien me contester pour avoir le dernier mot et sans doute prouver une espèce de supériorité qu’elle avait par ailleurs du mal à imposer. 
Provocation contre contestation ; tout un art de vivre.

En public, elle appréciait moins mais, à part quelque grain de sable dans notre sablier d’éternité, on avait toutes les chances d’être heureux dans les siècles des siècles, jusqu’à la parousie. À moins que le diable s’emmêle les pinceaux dans les fils de nos destins qui, pour l’instant, n’en faisaient qu’un.

Grand amour émaillé de disputes, de noises, de crises, des caractères qui se frottaient comme des épidermes. Son mépris était à la hauteur de mes saillies, ce qui est encore une façon de me hausser tant ce ressentiment rentré qui n’appartient qu’à elle, constituait la panacée de (supériorité) 

Ne croyez pas que nous passions notre temps en chamailleries, le travail occupait nos jours sinon nos nuits. Nous étions en notre jeune temps industrieux comme de petits bourgeois, poussant autant que possible nos maigres compétences pour en tirer de maigres revenus. Autant dire que notre équipage était des plus réduits mais nous ne nous en plaignons guère, vivant alors surtout d’amour et d’eau fraîche… et de quelques autres ingrédients indispensables pour tenir son rang.
C’était du moins ce que voulait madame. Et moi je ne voulais rien. Aussi m’imposait-elle ses vues sans coup férir, me rendant à ses arguments de guerre lasse.

Je me vengeais par quelque (saillie) publique

L’autre jour, repas de famille dominical comme il se doit, les usages étant fort prisés et respectés dans sa famille. J’y coupais quand je pouvais mais pas cette fois-ci.

Il faut toujours tout que tu ramènes tout à xx

Il fréquente (formule de la fréquence) qui se répète, basse tension entre 30 kHz 300 kHz + vitesse du pouls=vitesse des battements – modulation de fréquence=variation de la fréquence  de l’onde porteuse au rythme des signaux modulateurs, les amplitudes de l’onde restant constantes.

[la culotte, couleur par beau-frère]
[le petit pois qui tombe dans son soutien-gorge, elle se trémousse pour s’en débarrasser et nous, on l’accompagne en faisant la danse des canards succès garanti me fusille du regard, me tétanise d’un coup de laser, s’opère un repli stratégique en regagnant ma chaise]
[le fisc qui (garage Ponthus) – ma tante
Elle « Tu n’es qu’un gros cochon » Moi « Oh… merci pour le compliment. » Elle, haussant les épaules «Tu ne prends jamais rien au sérieux. » 

[[- C’est prouvé, les femmes ont moins d’accidents que les hommes. Si, si, mon cher, asséna-t-elle en me regardant, satisfaite d’elle-même, consulte les statistiques, y-a pas photo !
- Et sais-tu pourquoi, lui rétorquai-je d’un air narquois.
Stupéfaction et méfiance, elle se demande où je veux l’entraîner.
Je prends mon temps, évasif. ]
- Les statistiques sont parfois trompeuses, tu sais. Ne dit-on pas que des données erronées donneront quand même de bons résultats…
Brillante alchimie, n’est-ce pas.
Elle, excédée par ma désinvolture.
- Ta mauvaise foi ne saurait remettre en cause ce constat : les femmes ont moins d’accidents que les hommes. Et même beaucoup moins.
Moi, en remettant une couche, sûr maintenant de la prendre dans mes filets.
- Oh, la raison est bien simple : c’est parce que les hommes les évitent.
Haussement d’épaules... et rire général. Le bauf plié en deux : « Tu es pris à ton propre piège. »
Moi, profitant de la situation.
- D’ailleurs, je viens d’acheter le dernier GPS. Formidable. Vraiment FORMIDABLE !
Tout le monde attend la suite sauf ELLE qui s’attend au pire. Et là, c’est mon créneau, elle ne sera pas déçue.
- GPS avec la fonction FAV s’il vous plaît.
Personne ne connaissait… et pour cause. Tout le monde attend la suite avec avidité ; mon bauf m’adresse un petit clin d’œil complice.
- Allez, ne nous fait pas languir davantage, lance quelque un.
- Hier, message pressant de mon GPS :
"Attention, attention, femme au volant, Faites demi tour immédiatement". Super je vous dis, le nouveau GPS. Pensez-y pour la fête des pères.
Chuchotis parmi l’aréopage des dames. Chuchotis et rites légers étouffés dans une main ou un mouchoir, rires gras et francs des mecs qui L’exaspèrent encore plus. ELLE prend un teint rosé qui lui sied à merveille.
Mais je n’en dirai rien, surtout devant tout le monde. Question de survie.]]

<< Ch. Broussas - Il ne faudrait jamais - 2019 © cjb © • >>

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